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L’influence publique pour les OBNL: de la stratégie à la pratique

Dans un contexte médiatique éclaté, où chaque cause rivalise pour sa parcelle de visibilité, les OBNL doivent redoubler d’astuce pour se faire entendre. Comment captiver l’attention, provoquer une prise de conscience et transformer les idées reçues, le tout avec des moyens souvent modestes?

La vérité, c’est qu’il n’y a pas de recette simple – ce qui ne veut pas dire que notre façon d’approcher ces enjeux ne puisse pas être guidée par quelques idées directrices. En voici quelques-unes.

Miser sur l’authenticité: parce qu’il n’y a pas de filtre pour la vérité

À l’heure où tout semble passé au tamis du marketing, l’authenticité brille comme un diamant brut. Malgré ses imperfections, ses travers et ses aspérités, un message authentique aura plus de résonance auprès de nos publics qu’un autre qui semblerait surfait. Autrement dit, les OBNL, qui s’adressent la plupart du temps à des publics sensibles aux enjeux sociaux, doivent absolument incarner la sincérité. Cela passe par des messages limpides, des idées fortes et assumées, et une communication où la transparence n’est pas un choix, mais une condition.

L’élection qui vient de se jouer au sud de la frontière en est un exemple probant. Qu’on l’aime ou pas, que ses idées paraissent saugrenues ou non, on doit reconnaître que Donald Trump était un candidat excessivement authentique, une qualité à laquelle sa rivale avait bien des difficultés à prétendre, tant ses interventions paraissaient scriptées au possible.

Des messages positifs: parce que la culpabilisation mène à l’immobilisme

Rien ne fait fuir plus vite qu’un sermon accusateur. Les messages culpabilisants, bien qu’empreints de bonnes intentions, tendent à braquer leur auditoire. La clé? Remplacer les «Vous devez…» par des appels à l’action positifs et inspirants. Par exemple, plutôt que de dire: «Arrêtez de prendre votre voiture», il sera beaucoup plus efficace de dire : «Essayez le vélo une fois par semaine, vous y prendrez goût».

Cela dit, il y a des contextes où un ton plus mordant peut s’avérer payant — notamment lors de discussions privées avec des partenaires corporatifs ou institutionnels.

Des campagnes sur mesure: le bon message, sur le bon canal, au bon moment

On ne le dira jamais assez: chaque plateforme a ses codes, et une campagne générique n’est plus une option. Sur Facebook, il faut capter l’attention en une seconde top chrono; sur LinkedIn, le ton se doit d’être plus sophistiqué. Chaque réseau a ses us et coutumes, mais le trio gagnant reste immuable: le bon message, au bon endroit, au bon moment.

Et surtout, parlez simplement. Trop souvent, les OBNL tombent dans le piège du jargon. Un sage collègue m’a déjà dit: «Faut arrêter de parler en yiddish!» Ce qu’il voulait dire par là (le yiddish étant une langue hébraïque aujourd’hui largement délaissée au profit de l’hébreu), c’est qu’il faut savoir descendre de notre tour d’ivoire, mettre de côté le langage parfois technocratique dans lequel on baigne, pour savoir s’adresser au commun des mortels avec des mots qu’ils comprennent. Parce qu’une cause, aussi noble soit-elle, ne touchera jamais si elle est noyée dans des termes abscons.

La collaboration: quand le tout dépasse la somme des parties

Les OBNL ont tout à gagner en faisant front commun. Que ce soit avec d’autres organisations, des médias locaux ou des établissements scolaires, multiplier les collaborations amplifie les messages et leur confère une légitimité accrue.

Et les influenceurs? Ils ont encore leur pertinence – et pas besoin de viser des stars d’Instagram. Les véritables alliés sont souvent des figures locales ou des personnalités crédibles, dont les valeurs résonnent avec celles de l’OBNL. Une fois la connexion établie, c’est une relation durable et de confiance qui s’installe.

Cela dit, les choses changent sur ce plan. Une récente étude de Léger (DGTL 2025) révélait qu’au Québec, 79% des répondants préfèrent entendre parler de produits et services d’une organisation par un employé plutôt que par un influenceur. Vos meilleurs ambassadeurs sont peut-être à quelques mètres de vous.

Mesurer pour mieux avancer: l’évaluation, ce superpouvoir négligé

Comment savoir si nos efforts paient? Cette question revient comme un refrain, et pour y répondre, il faut d’abord définir des indicateurs clés de performance (KPI) précis. Nombre de partages, taux d’engagement, sondages ou évolution des perceptions: chaque indicateur raconte une partie de l’histoire. Mais pour la comprendre, il faut les suivre!

En outre, des outils simples comme les sondages maison ou les focus groups offrent à cet égard des «insights» précieux sans coûter très cher à mettre en œuvre.

Ils permettent de développer une compréhension souvent plus fine et granulaire que celle que permettent des indicateurs purement statistiques.

Mais gardons en tête une vérité souvent oubliée: les changements sociaux demandent toujours du temps. Et souvent, beaucoup de temps. Car comme le rappelait un de mes professeurs de science politique, «la pensée, c’est lent». Autrement dit, les gens changent lentement d’avis. Avoir des certitudes est un mécanisme de défense intellectuel normal – les déboulonner demande une ouverture d’esprit face à laquelle on se doit d’être empathique.

Une réflexion finale… et une invitation

Influencer les mentalités est une aventure aussi délicate que passionnante. Cela exige d’abord de connecter: avec les publics, avec des partenaires, et avec la réalité sociale qui entoure chaque cause. En tant qu’agence de communication, nous comprenons les défis que cela implique et sommes là pour accompagner les OBNL dans cette mission.

Et vous? Quelle serait votre prochaine initiative pour changer les choses? Osez l’essayer, le terrain de l’influence est grand ouvert, et les mentalités n’attendent qu’un souffle pour évoluer.

Image de Julien Acosta

Julien Acosta

CONSEILLER PRINCIPAL, RELATIONS PUBLIQUES